62% de la population de l’Arménie, qui a toujours été considérée comme un allié stratégique de Moscou, désapprouvent la politique nationale de la Russie, ont établi les chercheurs de l’institut Gallup, cités mardi par le journal Nezavissimaïa gazeta.
Certains analystes sont enclins à qualifier ce sondage de nouvel épisode dans la guerre de l’information que se livrent l’Occident et la Russie.
« Ces résultats sont étranges, on n’avait encore jamais assisté à une telle chose en Arménie, a affirmé le directeur de l’Institut caucasien des médias Alexandre Iskandarian, commentant ces résultats scandaleux. Le précédent sondage de ce type avait été organisé l’année dernière, et ses résultats étaient tout à fait opposés. Gallup est, bien entendu, une firme respectable mais il est très important de savoir quelle méthodologie a été utilisée dans cette étude. L’interprétation des données sociologiques est souvent politiquement motivée ».
« Cela peut probablement s’expliquer par l’annonce de l’augmentation des prix du gaz par la Russie, qui a coïncidé avec ce sondage, estime l’analyste politique arménien. Ceci a entraîné une brusque augmentation des prix des produits alimentaires et des tarifs du transport, ce qui a pu provoquer une flambée d’émotions négatives vis-à-vis de Moscou ».
Mikhaïl Alexandrov, chef du département de la Transcaucasie de l’Institut des pays de la CEI, estime que les résultats du sondage sont un simple acte de propagande. « Le résultat a été commandé à l’avance au centre Gallup, a-t-il indiqué à Nezavissimaïa gazeta. L’Occident a été très déçu par le fait de ne pas avoir réussi à placer au pouvoir [en Arménie] Levon Ter-Petrossian, par le biais d’une nouvelle « révolution colorée ».
« Afin d’obtenir un accès à la mer Caspienne, de créer des bases en Azerbaïdjan et d’avoir le contrôle du couloir énergétique qui part de l’Asie centrale, il faut entraîner l’Azerbaïdjan au sein de l’OTAN, poursuit l’expert. Or, l’Azerbaïdjan a posé une condition: il est prêt à adhérer à l’OTAN en échange de la résolution en sa faveur du conflit du Haut-Karabakh. Les forces concentrées autour de Ter-Petrossian souhaitaient prendre le pouvoir en jouissant du soutien de 30% de la population. Mais ils ont échoué ».
« Ceci a cassé l’ensemble de la stratégie de l’Occident en Transcaucasie. Car Ter-Petrossian était déjà prêt à retirer les troupes arméniennes du Karabakh sans que l’indépendance du Karabakh ne soit préalablement reconnue par Bakou. Ceci aurait signifié de fait le retour progressif du Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan », a précisé Mikhaïl Alexandrov.