Le Premier ministre Nikol Pashinian a abusé de ses ressources administratives avant les élections législatives du mois prochain, a déclaré jeudi un haut représentant du principal organe de surveillance de la lutte anti-corruption en Arménie. Nikol Pashinian a organisé un rassemblement et s’est adressé à ses partisans lors de visites de travail dans deux provinces arméniennes lundi et mercredi. Il a également discuté du déroulement des élections du 9 décembre avec des représentants du gouvernement local.
Le parti républicain de l’ancien président Serge Sarkissian (HHK) a dénoncé ces rassemblements, accusant Nikol Pashinian d’utiliser les leviers de son gouvernement à des fins électorales. Les représentants de HHK font également valoir que la campagne électorale devrait commencer le 26 novembre selon un calendrier fixé par la Commission électorale centrale (CEC). Varuzhan Hoktanian, directrice de programme du Centre anticorruption basé à Erevan et affiliée à Transparency International, a exprimé des préoccupations similaires, tout en qualifiant les critiques de HHK de malhonnêtes. « C’est un peu désagréable de voir le Parti républicain, qui a eu recours à la même pratique [au pouvoir], en parler », a déclaré Varuzhan Hoktanian au service arménien de RFE / RL (Azatutyun.am). « Mais il n’est certainement pas bon que cette pratique se répète maintenant dans une certaine mesure. »
«Si nous appliquons les normes internationales pour les ressources administratives, alors oui, c’est un abus de ressources administratives», a déclaré M.Hoktanian à propos des actions préélectorales de Nikol Pashinian. « C’est juste que la loi arménienne ne définit pas clairement l’utilisation abusive de ressources administratives », a poursuivi l’activiste. «Il n’y a pas de notion de ressources administratives dans nos codes pénaux ou administratifs. Cela dit, en vertu de ces codes, certains crimes ou violations en rapport avec cette infraction ne sont punissables que pendant les campagnes électorales [officielles] ». «Par exemple, lorsque les républicains s’engageaient dans ce processus et que nous en parlions dans le passé, ils disaient qu’il ne pouvait y avoir d’abus de ressources administratives avant le début de la campagne électorale. Nos nouvelles autorités devraient donc préciser dans quelle mesure elles entendent s’en tenir aux normes internationales. »
Le HHK a été largement accusé de compter lourdement sur les ressources du gouvernement pendant le règne de Sarkissian, qui dure depuis une décennie. De nombreux employés du secteur public et même du secteur privé auraient été contraints d’assister à ses rassemblements de campagne et de voter pour les candidats du parti HHK aux élections présidentielles, parlementaires et locales. « Nous pouvons voir que Nikol Pashinian et son gouvernement font, à plus grande échelle, quelque chose pour lequel ils critiquent depuis des années les gouvernements républicains », a déclaré jeudi le porte-parole du HHK, Eduard Sharmazanov. Les alliés de Nikol Pashinian ont toutefois continué à nier tout acte répréhensible. Alen Simonian, un membre éminent de l’alliance Mon Pas du premier ministre, a déclaré que M. Pashinian s’était rendu dans les régions uniquement à titre de Premier ministre et n’avait enfreint aucune loi.
« M. Pashinian a visité les régions depuis le premier jour [de son mandat], a déclaré Simonian à la presse. «Je veux écarter les [mauvaises] choses qui se sont déjà produites», a-t-il déclaré. Alen Simonian a également mis au défi le HHK de tenir ses propres rassemblements. Presque personne ne voudrait y assister, a-t-il dit. Nikol Pashinian a également rejeté les revendications de HHK lors d’une conférence de presse tenue à Erevan mardi.
Il a ensuite exhorté ses partisans à se joindre à lui samedi pour traverser la capitale arménienne. Nikol Pashinian a déclaré que la manifestation avait pour but de « célébrer une nouvelle fois la victoire de fiers citoyens d’Arménie » qui ont renversé le gouvernement de Serge Sarkissian en mai.
Eduard Sharmazanov s’est moqué de l’appel. « Apparemment, le Premier ministre s’est rendu compte qu’il avait moins ou pas réussi à diriger le pays et à développer son économie, et il a donc décidé de faire son travail favori: organiser des marches », a-t-il déclaré.
