Une septuagénaire a été verbalisée pour violation de « cordon sanitaire » devant un Ehpad du Tarn (Graulhet) le 9 avril où elle venait saluer, par la fenêtre fermée, son mari résident, selon la fille de ce couple, qui s’inquiète des conséquences de cet interdit pour la santé de son père. Dans un courriel consulté par l’AFP, la préfecture du Tarn a dans un premier temps confirmé le bien-fondé de cette verbalisation auprès de la fille de ce couple, Mariani Boghossian.
« Même si la visite en extérieur de votre mère peut être considérée comme une assistance à personne vulnérable, un cordon sanitaire autour des Ehpad doit être absolument respecté. De ce fait, votre mère était bien en infraction« , explique la préfecture. Cette dernière a toutefois indiqué à l’AFP, hier, que la gendarmerie allait « rentrer en contact avec la famille pour éteindre la procédure » dans cette affaire « où il y a peut-être eu un peu d’excès« .
Selon Mariani Boghossian, deux gendarmes sont intervenus jeudi dernier alors qu’Hedwig, 79 ans, stationnait devant la fenêtre fermée de la chambre de son époux, 93 ans, résident confiné dans l’Ehpad de Graulhet. Munie d’une ardoise elle avait écrit quelques mots pour son mari. « Elle le faisait tous les jours, quelques minutes, depuis le début du confinement des Ehpad, pour aider mon père à ne pas se laisser glisser dans son monde, à ne pas se sentir abandonné« , a expliqué Mariani Boghossian. Ainsi, chaque jour à 16 h, muni d’une attestation en bonne et due forme, case promenade ou assistance à personne vulnérable cochée, elle venait devant la fenêtre de la chambre de son mari pour qu’il la voie. Munie d’une ardoise, elle lui adressait de petits messages à travers la vitre. Dans son fauteuil, Jean-Jacques, qui ne peut pas bouger, risquait encore moins d’ouvrir la porte-fenêtre qui donne sur l’extérieur. Mais il savait qu’Hedwig était là. Il la voyait derrière la vitre. Elle restait cinq ou dix minutes, pas plus, rassurée.
Une poignée de proches d’autres résidents faisaient de même, profitant de ce que l’Ehpad soit entouré d’une pelouse non délimitée donnant accès aux fenêtres, a-t-elle ajouté. Hedwig habite a à peine dix minutes de l’Ehpad mais, « Maintenant ma mère n’ose plus y aller, notre inquiétude est que mon père ne tienne pas le coup« , alors que son état rend difficile les communications par internet, a souligné Mariani Boghossian. « C’est vrai que dans certains cas il y a le risque que des résidents ouvrent les fenêtres à la vue de leurs proches, mais l’Ehpad ne pourrait-il pas y veiller ?« , s’est-elle interrogée.
Selon elle, le personnel de l’Ehpad, où sa mère travaillait comme bénévole avant le confinement, ne s’était dans un premier temps pas opposé à ces « rencontres » confinées.