Une Turque sur cinq est encore illettrée

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La Croix (France)

jeudi 8 mars 2007

Delphine Nerbollier,

Istanboul, de notre correspondant

Une femme a été élue à la tête du patronat turc mais les femmes subissent très fortement le travail précaire et non déclaré.

Il y a un mois, Arzuhan Yalcindag, héritière du puissant groupe médiatique Dogan, est entrée dans l’histoire de la Turquie. Chef d’entreprise au brushing impeccable, elle est devenue la première présidente de la Tusiad, la plus puissante organisation patronale du pays. En s’imposant dans un monde d’hommes, Arzuhan Yalcindag a mis en lumière la facette moderne et occidentale de cette République laïque et la présence, de plus en plus visible, des femmes dans des professions à haute qualification. Les Turques représentent 36 % du personnel académique universitaire, 31 % des architectes, 29 % des médecins et chirurgiens et 26 % des avocats. Et si le nombre de femmes chefs d’entreprise ou travailleurs indépendants reste encore faible (13 %), il est toutefois deux fois plus important qu’en Allemagne.

« La présence de femmes dans ces professions est une tradition, explique Fatmagül Berktay, membre du Centre de recherche sur les femmes à l’université d’Istamboul. Elle remonte aux réformes kémalistes entreprises après la création de la République en 1923, qui ont donné un élan à l’éducation et à la professionnalisation des femmes et qui nous poussent encore aujourd’hui. La nomination de Arzuhan Yalcindag est un événement très important qui prouve que la bourgeoisie turque a enfin pris conscience de l’importance de l’égalité des chances entre hommes et femmes. »

Arzuhan Yalcindag n’est toutefois que le haut de l’iceberg. Sa nomination rappelle une fois de plus les contrastes de cette société où plus de 21 % des femmes sont illettrées. Si certaines parviennent à de très hautes fonctions, le taux officiel d’activité des Turques – 25 %, soit le plus faible des pays de l’OCDE – est en chute constante depuis vingt ans du fait de la très forte urbanisation du pays qui pousse de nombreuses femmes à travailler au noir. Par ailleurs, dans les régions rurales, travailler ne signifie pas forcément recevoir de rémunération, notamment dans le secteur agricole où 59 % des Turques travaillaient en 2004.

« Le principal obstacle pour les femmes qui veulent travailler, ce n’est pas le manque d’éducation mais l’enracinement de l’idéologie patriarcale, constate Fatmagül Berktay. La hausse du niveau d’éducation ne l’a pas ébranlé car les livres scolaires continuent de vanter un système où l’homme reste le chef et ramène l’argent à la maison. Cela n’a pas été modifié malgré le travail fait par la société civile. La société turque dans son ensemble, médias et hommes politiques compris, devrait prendre des cours de sensibilisation à l’égalité des sexes. Nous avons encore du chemin à faire. »

raffi
Author: raffi

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