Contrairement à plusieurs des candidats aux présidentielles du 19 février, à commencer par l’opposant Levon ter Petrossian, qui mobilise presque quotidiennement ses partisans sur la place de l’Opera de Erevan pour réclamer la tenue de nouvelles élections, le candidat de la FRA Dachnaktsoutioun Vahan Hovannessian, n’a pas contesté l’issue du scrutin, même s’il en a souligné les irrégularités, et a pris acte de la victoire de Serge Sarksian. Vahan Hovannessian, qui est aussi membre du Bureau de la FRA Dachnaktsoutioun, n’avait recueilli qu’un peu plus de 6% des suffrages, un score décevant qu’il doit en partie aux difficultés de sa formation à se positionner sur la scène politique locale, où elle a soutenu pendant une décennie le président sortant Kotcharian et participé à ses gouvernements successifs, y compris celui de Serge Sarksian, l’idéologie socialiste revendiquée par le Parti dachnak, généralement assimilée aux communistes par l’opinion, ne jouant pas forcément en sa faveur auprès des électeurs. Il est sûr en tout cas que le Parti dachnak prendra désormais ses distances avec le pouvoir en place, comme le laisse entendre le texte de la déclaration rendue publique le 22 février par Vahan Hovannessian, dans laquelle il annonce notamment sa démission de son poste de vice-président du Parlement. Dans cette déclaration, il regrette de ne pas avoir su rallier l’électorat autour des valeurs et de l’idéologie dont sa campagne était porteuse, et ce dans un « climat de haine, de terreur et de menaces » qu’il déplore. Le candidat dachnak constate aussi que les électeurs, déjà méfiants à l’encontre du processus électoral après une série de scrutins entachés de fraudes et d’irrégularités, ont cette fois encore fait les frais de manuvres d’intimidation doublées de pots-de-vin, la direction du Parti dachnak devant faire une déclaration sur l’ampleur de ces irrégularités au terme d’une enquête. V ? Hovannessian ne veut toutefois pas tout mettre sur le compte de ces irrégularités, et assume d’ores et déjà sa défaite en se retirant de ses fonctions à la vice-présidence du Parlement. IL se console en rappelant qu’il a derrière lui au moins 100 000 partisans fidèles, qui ont cru à son programme et qui constituent le noyau dur à partir duquel son parti compte faire avancer ses idées dans le pays. IL appelle par ailleurs au calme, en soulignant que ceux-là même qui conduisent les manifestations contre le président élu ont été accusés d’avoir tronqué les élections en 1996, une allusion claire à l’ancien président Ter Pétrossian. Appelant ses partisans à la patience, V.Hovannessian souhaite aussi le succès au nouveau président, en espérant qu’il mette en place les réformes indispensables qui permettront que les prochaines élections se déroulent normalement, sans recourir aux pots-de-vin et à la corruption ainsi qu’aux « « éléments criminels » qui ont été si souvent liés au pouvoir.
