Le 18 décembre, le ministre arménien des affaires étrangères Vartan Oskanian a rencontré à Erevan le représentant de l’Union européenne pour le Sud Caucase, Peter Semneby, avec lequel il a discuté des perspectives de développement de la coopération entre l’Arménie et l’UE, plus particulièrement dans le cadre de la Politique européenne de voisinage.
M. Semneby a rappelé à cette occasion l’importance que revêtaient les scrutins à venir pour le développement des relations entre l’Arménie et l’UE.
M. Oskanian a souligné l’engagement des autorités arméniennes à inviter des observateurs internationaux pour superviser le déroulement des élections législatives de 2007 et présidentielles de 2008.
Mais la présence d’observateurs internationaux n’avait pas empêché les fraudes et irrégularités qui avaient entaché les précédents scrutins, conduisant les Etats-Unis et les pays de l’UE à adresser de sévères mises en garde concernant les prochaines élections, qui font désormais figure de test de la démocratisation affichée par Erevan et que le référendum constitutionnel de novembre 2005 était censé renforcer.
Les Etats-Unis ont même fait dépendre la poursuite de leur aide économique à l’Arménie du bon déroulement de ces scrutins, et le représentant de l’UR a clairement laissé entendre que les perspectives d’intégration européenne de l’Arménie étaient étroitement dépendantes du caractère démocratique des prochaines consultations électorales.
L’entretien a été également l’occasion d’un échange de vues sur la politique régionale de l’Arménie, plus précisément sous l’éclairage de la visite que vient d’effectuer en Iran M. Oskanian le 17 décembre.
Concernant les relations entre l’Arménie et la Turquie, M. Semneby a rappelé que dans son rapport sur les progrès réalisés par la Turquie sur la voie de son intégration à l’Europe, l’UE avait mis l’accent sur la nécessité pour Ankara d’ouvrir sa frontière avec l’Arménie. M. Semneby a également rendu compte à M. Oskanian de la teneur de ses discussions le 17 décembre avec le président du Haut Karabagh Arkady Ghoukassian, et a plus généralement évoqué les perspectives de règlement du conflit du Karabagh avec le chef de la diplomatie arménienne.
L’ambassadeur d’Allemagne Heike Peitsch assistait également à l’entretien, l’Allemagne devant assumer pour six mois la présidence tournante de l’UE à compter du 1er janvier 2007.
La veille, lors d’un point de presse au siège de la Représentation du Haut Karabagh à Erevan où il allait rencontrer Arkady Ghoukassian, M. Semneby avait établi un parallèle entre le conflit du Kosovo et celui du Karabagh, pour rappeler que la question du Kosovo était singulière et qu’elle ne détenait pas la clé pour le règlement des autres conflits, même s’il est possible de s’en inspirer.
Le représentant de l’UE pour le Sud-Caucvase s’est toutefois gardé de trop s’étendre sur la question du Kosovo, dont il a rappelé qu’il n’était pas un spécialiste. Mais il a souligné que ce qui faisait la singularité de la question du Kosovo, c’est que la communauté internationale, incarnée par le Conseil de sécurité de l’Onu, était à l’origine du processus actuellement à son terme par lequel la province majoritairement albanophone s’était émancipée de la tutelle de la Serbie.
Refusant d’affirmer, comme le font le Kremlin et les responsables de différentes régions séparatistes de pays de l’ex-URSS, que l’accession à l’indépendance du Kosovo, encouragée par les Occidentaux, pourrait être un modèle de règlement pour les conflits en cours dans l’espace ex-soviétique, M. Semneby s’est contenté de souligner que chacun de ces conflits avait sa spécificité et devait être donc réglé conformément à ces spécificités.
« Toutes les décisions dans tous les conflits concernés doivent être fondées sur les principes de la législation internationale, même si chaque situation de conflit est unique » a déclaré le représentant européen.
