Wall Street rattrapée par la crise turque
New York, 13 août 2018 (AFP) – La Bourse de New York a terminé dans le
rouge lundi, rattrapée en cours de séance par les inquiétudes liées à
l’effondrement de la livre turque et à un éventuel effet de contagion sur
d’autres économies.
Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 0,50% à
25.187,70 points.
Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a cédé 0,25% à 7.819,71 points.
L’indice élargi S&P 500 a reculé de 0,40% à 2.821,93 points.
Les trois indices avaient débuté la journée dans le vert avant d’hésiter
sur la direction à suivre.
« Le marché a été sans aucun doute guidé par la situation en Turquie et
toutes les craintes sur les conséquences qu’elle pourrait déclencher, même si
au final la réaction est plutôt contenue », a remarqué Karl Haeling de LBBW en
mettant en avant les faibles volumes d’échanges.
Sur fond de tensions diplomatiques entre Ankara et Washington, la livre
turque a de nouveau chuté lundi à son plus bas niveau historique.
Dans l’espoir de rassurer les marchés, la Banque centrale de Turquie a bien
assuré qu’elle prendrait les « mesures nécessaires » pour assurer la stabilité
financière mais cela n’a pas suffi à enrayer l’effondrement de la devise,
jetant un froid sur les marchés mondiaux.
Certains observateurs craignent en particulier l’exposition de quelques
grandes banques européennes à ces risques.
A Wall Street les valeurs financières ont été particulièrement affectées, à
l’instar de JPMorgan Chase (-1,59%), Citigroup (-1,57%) ou Bank of America
(-2,28%).
Le repli de la place new-yorkaise dans ce contexte « correspond peut-être
juste à un nouvel accès de nervosité du marché, qui va se stabiliser et
rapidement remonter à des niveaux record. Mais on ne peut pas non plus écarter
tout risque et les comparaisons avec la crise asiatique de 1997, déclenchée
par la chute de la monnaie thaïlandaise, ne doivent pas être complètement
négligées », a relevé M. Haeling.
« De nombreux pays ont emprunté beaucoup d’argent en dollar, qui grimpe
fortement, ce qui va rendre les remboursements plus chers », a-t-il souligné.
Dans le même temps, « la liste des pays confrontés à des problèmes économiques
ne s’amoindrit pas, qu’il s’agisse de la Chine, de la Russie, de l’Argentine,
de la Turquie ou de l’Italie », a-t-il ajouté.
Le marché obligataire se tendait un peu: le rendement sur la dette
américaine à dix ans montait vers 20H15 GMT à 2,875% contre 2,873% à la
clôture vendredi, et celui à 30 ans à 3,044% contre 3,030% en fin de semaine
dernière.
– Trump s’en prend à Harley –
Tesla a pris 0,26% alors que son PDG Elon Musk a indiqué être en discussion
avec le fonds souverain saoudien (PIF) et d’autres investisseurs dont il ne
dévoile pas l’identité pour financer le possible retrait de la Bourse du
constructeur de véhicules électriques haut de gamme.
Harley-Davidson a lâché 4,32% alors que le président américain s’en est de
nouveau pris dimanche au groupe, qu’il a conseillé de boycotter si le
constructeur de motos déplaçait une partie de sa production en Europe comme il
l’a annoncé.
Nielsen, le groupe spécialisé dans la mesure d’audience, a bondi de 12,06%
alors que la société d’investissement Elliott Management a pris une
participation de 8% et souhaite, selon le Wall Street Journal, pousser la
société à se vendre.
Netflix a reculé de 1,32% après l’annonce du départ de son directeur
financier, à ce poste depuis huit ans.
Le géant des semi-conducteurs Qualcomm, qui a accepté vendredi de payer à
Taïwan une amende largement revue à la baisse pour abus de position dominante,
s’est apprécié de 0,03%.
La société VF Corp, propriétaire des marques de jeans emblématiques
Wrangler et Lee, a perdu 3,60% après avoir confirmé qu’elle avait l’intention
de scinder ses activités en deux sociétés indépendantes, avec d’un côté les
vêtements et chaussures et de l’autre les jeans et les magasins d’usines.