Washington va-t-il passer de la parole aux actes, en ce qui concerne la sécurité de l’Arménie ? par Garo Ulubeyan

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Après la visite remarquée à Erevan de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi, qui dénonçait officiellement dimanche 18 septembre l’ « agression de l’Azerbaïdjan » contre le territoire souverain de l’Arménie, du 13 au 15 septembre, la question se pose dans la capitale arménienne où certains sont déjà descendus dans la rue pour exiger le retrait de leur pays de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), cette alliance militaire dirigée par la Russie qui, loin d’apporter son aide à l’allié arménien, comme prévu par statuts, a rendu des conclusions pour le moins ambiguës quant aux responsabilités dans cette nouvelle escalade, qu’elle se garde de rejeter, comme l’a fait clairement Washington, sur Bakou : les Etats-Unis vont-ils passer de la parole, jugée vaine et démagogique par le Kremlin, aux actes, et prendre des mesures fermes en vue de protéger l’Arménie de la politique belliqueuse de Bakou ? C’est ce que laissaient entendre lundi, des députés arméniens de l’opposition qui, au lendemain d’une rencontre avec N.Pelosi, affirmaient que les Etats-Unis devraient cesser d’apporter une aide à l’Azerbaïdjan en raison de l’agression de la semaine passée, la plus meurtrière depuis la guerre du Karabagh de l’automne 2020, avec 205 morts au moins dans les rangs arméniens. Le Congrès américain a de toute manière frappé d’interdit toute sorte d’aide militaire directe à Bakou en vertu du paragraphe 907 du Freedom Support Act adopté en 1992. Mais cette mesure votée sur fond de première guerre du Karabagh avait été révisée une décennie plus tard par le Congrès qui permettait aux gouvernements américains de passer outre cet interdit au nom des moyens mis en œuvre pour lutter contre la menace terroriste, et de relancer l’aide à l’Azerbaïdjan qui a pourtant montré plus d’une fois sa collusion avec les milieux terroristes djihadistes, singulièrement lors de la guerre de 2020, qui avait vu des mercenaires syriens recrutés par son allié turc combattre les Arméniens dans les rangs azéris. Comme ses prédécesseurs, et en dépit de la guerre meurtrière que venait d’imposer l’Azerbaïdjan aux Arméniens, le président démocrate Joe Biden a contourné la Section 907 peu après son accession à la Maison Blanche, en avril 2021, suscitant les vives critiques de la communauté arménienne des Etats-Unis. Les leaders des organisations arméno-américaines ont réitéré leurs appels à l’administration Biden pour qu’elle gèle l’aide militaire à Bakou après la nouvelle éruption de violences dans la zone du conflit provoquée par une attaque massive des forces azéries sur les provinces méridionales de l’Arménie le 12 septembre. Les députés représentant les deux alliances d’opposition du Parlement arménien, se sont fait l’écho de tels appels lors de leur rencontre avec N. Pelosi le dimanche soir, dans les dernières heures de sa visite à Erevan. Ils semblaient optimistes sur ce point à l’issue de la rencontre. “J’ai eu le sentiment qu’il y avait une détermination [américaine] à cesser l’aide militaire à l’Azerbaïdjan dans la prochaine année fiscale”, a ainsi indiqué Anna Grigorian de l’alliance Hayastan en ajoutant : “Nous avons reçu ce message” de façon claire. “Selon mon opinion, cela se fera dans un proche avenir” a déclaré de son côté Hayk Mamijanian de l’alliance Pativ Unem en ajoutant : “Je pense qu’il y aura un consensus bipartisan [au Congrès] sur cette question pace que les faits sont évidents et l’Amérique a reconnu que c’était la parie azerbaïdjanaise l’agresseur”. Pelosi pourtant, n’a pas commenté l’éventualité d’une telle mesure lorsqu’elle s’est exprimée peu avant, dans la journée de dimanche, lors d’une conférence de presse, où elle a néanmoins clairement désigné l’Azerbaïdjan pour avoir lancé des “attaques illégales et mortelles sur le territoire arménien”, non plus qu’elle n’a répondu à une suggestion du président du Parlement arménien Alen Simonian, sur d’éventuelles sanctions américaines imposées à Bakou. Elle a indiqué que la Chambre des Représentants devrait aussi condamner prochainement Bakou dans une résolution dont le texte a déjà été préparé par certains de ses membres connus pour leur défense des Arméniens. “Les Etats-unis doivent cesser toute aide à l’Azerbaïdjan – immédiatement et durablement”, avait déclaré l’un de ces représentants, Adam Schiff, dans un tweet du 13 septembre. La Chambre des représentants a déjà voté en juillet 2021 un texte en vue de bloquer toute aide qui pourrait être fournie sous les auspices des programmes militaires américains dépendant des ministères des affaires étrangères et autres départements. Mais elle n’a pas empêché le Département américain de la défense de poursuivre ses livraisons de matériel militaire à l’Azerbaïdjan. L’administration Trump avait de manière significative augmenté l’aide en matière de sécurité à Bakou, qui aurait ainsi bénéficié à hauteur de plus de 100 millions de dollars en équipements et autres formes d’assistance destinées au service des garde-frontières de l’Azerbaïdjan entre 2018 et 2019 seulement. Quand on sait comment Bakou utilise ces garde-frontières, qui ont pris une part active à la guerre de 2020 au Karabagh et dont plusieurs contingents sont déployés depuis le long de la frontière très sensible et litigieuse entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, on ne peut effectivement que dénoncer plus vivement le maintien de cette aide.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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